De l'Oubli au Premier Plan

Appel à la Paix au Soudan

Par le Dr Tageldin Hamad, Président International de la Fédération pour la Paix Universelle

Je vous écris aujourd'hui non seulement en tant que défenseur de la paix, mais aussi en tant que personne qui ressent une profonde responsabilité morale face aux souffrances qui ont lieu au Soudan.

Depuis avril 2023, le Soudan est ravagé par un conflit interne dévastateur entre les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide. D'anciens alliés au sein d'un gouvernement de transition se sont retournés les uns contre les autres, et les conséquences ont été catastrophiques. Des villes comme Khartoum et El Geneina sont en ruines. Plus de 13 millions de personnes ont été déplacées ; 4 millions ont traversé les frontières pour trouver refuge. Les hôpitaux de Khartoum se sont effondrés. À El Geneina, les familles enterrent leurs proches dans leurs cours sous le bruit des coups de feu. Les camions d'aide humanitaire sont pillés avant d'atteindre ceux qui en ont besoin. La moitié de la nation est désormais confrontée à la famine.

Il s'agit plus que d'une crise humanitaire, c'est l'effondrement d'une nation. Et pourtant, le monde détourne le regard.

Les actualités changent. Les priorités mondiales évoluent. Mais la violence continue. Nous ne devons pas laisser le peuple soudanais tomber dans l'oubli. Chaque vie compte : chaque mère sans nourriture, chaque enfant sans abri, chaque personne âgée sans médicaments. Leur souffrance n'est pas invisible. Nous devons en faire notre préoccupation collective.

Il ne s'agit pas seulement d'un échec politique, mais d'une profonde blessure sociale. Les liens de confiance entre les communautés – ethniques, régionales et religieuses – ont été brisés. Les cessez-le-feu ne suffiront pas à eux seuls à panser cette plaie. Comme l'a souligné le Secrétaire général des Nations Unies, nous avons besoin d'un nouveau contrat social, fondé sur la confiance, la justice et les droits de l'homme. Je me fais l'écho de cet appel et le soutiens.

Nous avons déjà connu cette souffrance : au Darfour, au début des années 2000, et lors des événements qui ont conduit à l'indépendance du Soudan du Sud. À chaque fois, ce sont les citoyens ordinaires qui en ont payé le prix. Nous ne devons pas laisser l'histoire se répéter.

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La Fédération pour la Paix Universelle soutient le Soudan dans sa quête de paix depuis de nombreuses années. En 2010, nos sections locales ont lancé des initiatives populaires visant à promouvoir l'unité, le dialogue et la non-violence, notamment la création d'un Centre pour la culture de la paix à Khartoum. En 2011, nous avons aidé à faire entendre la voix des Soudanais lors d'un forum international à Vienne afin d'explorer des solutions pacifiques avant le référendum au Soudan du Sud.

À la FPU, nous croyons que la paix ne peut être imposée, elle doit être construite. Elle commence dans les familles, se développe entre les religions et se maintient par l'écoute, la réconciliation et le partage des responsabilités.

• Tous les groupes armés à cesser les combats et à donner la priorité à la protection des civils.

• Les chefs religieux de toutes confessions à s'unir et à mener des efforts en faveur de la réconciliation.

• Les artisans de la paix locaux, y compris nos Ambassadeurs pour la Paix, à organiser l'aide communautaire, l'éducation et le dialogue.

• Les gouvernements et les institutions internationales à joindre le geste à la parole, notamment en fournissant de la nourriture, de l'eau, des médicaments et une protection, et à soutenir une diplomatie qui inclut toutes les communautés.

En octobre 2020, j'ai eu l'honneur d'être invité à la cérémonie de signature de l'accord de paix de Juba. Au nom de la FPU, j'ai exprimé notre soutien à cette étape importante vers la fin du conflit interne. J'ai également eu le privilège de remettre le prix du leadership et de la bonne gouvernance de la FPU au président du Soudan du Sud pour ses efforts dans l'accueil et la médiation du processus de paix.

Mais la paix, nous l'avons appris, n'est pas un événement ponctuel. C'est un engagement durable.

Les Nations unies ont pris des mesures importantes. Le 7 mai 2025, le Conseil de sécurité des Nations unies a condamné les violences dans le nord du Darfour et a adopté la résolution 2736, exigeant que les Forces de soutien rapide (RSF) mettent fin au siège d'El Fasher, cessent les attaques contre les civils et accordent un accès humanitaire complet. Le Conseil a averti que l'obstruction délibérée de l'aide et les attaques contre les établissements de santé pouvaient constituer des crimes de guerre.

Le Secrétaire Général des Nations unies, António Guterres, a qualifié la guerre au Soudan de « cauchemar pour les civils ». Il a ajouté : « Il n'y a pas de solution militaire. Ces combats doivent cesser. L'ampleur des besoins humanitaires est stupéfiante, mais les travailleurs humanitaires sont confrontés à des obstructions, des pillages et des violences. »

Plus récemment, le 7 juillet 2025, les responsables humanitaires de l'ONU ont déclaré : « Le Soudan est confronté à la plus grande crise de déplacements internes au monde. Plus de la moitié de la population n'a pas accès à la nourriture, à l'eau potable et aux soins de santé de base. La situation à El Fasher et dans tout le Darfour se détériore rapidement. La communauté internationale ne peut pas détourner le regard. » Nous sommes d'accord.

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Dans le cadre de notre campagne de 100 jours menant à la Journée internationale de la paix, la Fédération pour la Paix Universelle continuera à soutenir le Soudan. Nous renforcerons la collaboration interconfessionnelle, apporterons notre aide et défendrons la dignité de chaque personne touchée.

Le 21 juin, lors d'une audience au Vatican, j'ai salué le pape Léon XIV et lui ai demandé de prier pour le Soudan. Son visage a répondu positivement et il a gentiment dit « oui ».

Au peuple soudanais : vous n'êtes pas oubliés. Votre courage est plus fort que les armes. Et nous marcherons avec vous sur le chemin de la paix.

À tous les lecteurs, décideurs politiques, chefs religieux, citoyens concernés, je demande : exprimez-vous. Partagez la vérité. Exhortez vos gouvernements à agir. Soyez présents. Le Soudan a besoin de nous aujourd'hui, non pas de pitié, mais de solidarité.

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